Normes sociales et franc – parler : l’union (encore) impossible.

Chaque pays, chaque contrée, a ses propres us et coutumes, son accent, son patrimoine matériel et immatériel, dont elle revendique fièrement la possession.

Cette fierté d’appartenance s’illustre ostensiblement dans le langage de ses habitants. A cela s’ajoute le patrimoine familial de la personne, qui comprend la part héréditaire et la part acquise lors de l’enfance de l’individu.

Tout cet ensemble fait que chaque personne est en réalité d’une grande complexité, et il est quasiment impossible de prévoir à l’avance sa réaction à un évènement ou une rencontre, à plus forte raison face à une personne qu’elle ne connaît pas.

La personne qui est placée dans une situation gênante, embarrassante, délicate (pour elle du moins), ou est poussée à bout, comment pourrait-elle réagir ?

A partir de quand pourrait-on ou devrait-on montrer la colère ressentie ou quelque autre émotion négative ? est-ce que le fait d’extérioriser ses émotions fait qu’elles échappent à notre contrôle ?

L’homme veut s’exprimer. C’est peut être son désir le plus fou et le plus inavoué. Parler de son passé, joyeux ou moins joyeux, de ses moments difficiles, de ses extases plus ou moins éphémères. Mais, en réalité, les gens brident plus ou moins consciemment leurs émotions profondes quelles qu’elles soient, et mentent disons-le, pour se forcer à parler une langue que chacun trouve politiquement correcte, une langue de bois remplie de tact. A cela s’ajoute très certainement une réticence à parler des évènements préoccupants ou pas, une réticence à communiquer tout simplement.

Pourquoi cela ? pourquoi « désinformer » l’autre ?

Parfois c’est nécessaire de le faire, comme au travail, même si il existe certaines exceptions. Travailler c’est surtout être sérieux et le sérieux ne rime pas avec un langage décomplexé et amical. La hiérarchie professionnelle l’impose également.

Ainsi, la société impose sa cadence aux individus, et les gens ont une certaine peur de paraître inadaptés, jugés inadaptés, le « t’as vu çui là » les gens se sentent scrutés et ne veulent pas attirer les regards et jugements de valeur négatifs.

On fait donc le moins de bruit possible, on rase les murs (au sens propre comme figuré). Les gens marchent au pas. La norme sociale est telle que la discipline militaire.

Nous parlons bien entendu des normes sociales dont l’infraction ne conduit pas à être jugé par un tribunal. Celles-là sont très graves et hors de propos.

Il y a une catégorie de normes que nous pensons très légitimes car elles sont universelles, telles la bonne éducation. Être soi-même ne doit pas conduire à devenir impoli et malséant.

Nous évoquons surtout le langage, le franc langage, le franc parler de la communication quotidienne entre les gens. Est-ce que la personne, qui se ment à elle- même, est consciente qu’elle risque de se faire du tort ? et parfois du tort à autrui par ricochet ?

Force est de constater que les sociétés où les normes et tabous sociaux sont plus élevés rendent la parole très diplomatique et fausse. C’est ce que nous appellerons

« de l’arnaque à la parole ». Les relations sociales deviennent rigides et vides de sens, ce qui entretient une certaine mélancolie ou carrément une colère palpable à vue.

Redonner goût à la vie et aux bonnes choses passe inéluctablement par une libération de la parole des carcans intellectuels. Cela vaut a fortiori pour la communication en général et la politique.

Mehdi BERBAGUI

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